CONCERT DE TE DEUM, HAENDEL, GRAUN ET HAYDN

Arts et culture

Voyagez dans l’Europe du XVIII° siècle à l’époque où les souverains remerciaient le Ciel de leurs bonheurs et victoires et découvrez 3 oeuvres énergiques et réjouissantes d'allégresse.

  • 10 novembre 2024
Nous proposons au programme de nos prochains concerts un parcours à travers le XVIII° siècle qui présente l’évolution de la manière de célébrer et rendre gloire du génie d’un peuple à travers des œuvres musicales.
En effet, trois œuvres, trois pays et trois moments cruciaux de l’histoire de la constitution de l’esprit dit « des lumières ».
Dettingen Te Deum (HWV 283) est une œuvre de Georg Friedrich Haendel composée en 1743 pour célébrer la victoire britannique lors de la bataille de Dettingen (27 juin 1743).
Cette bataille menée à Dettingen (village de Bavière) se situe dans le cadre de la guerre de Succession d'Autriche ; les Britanniques et les Hanovriens, rejoints par les Autrichiens, y défont une armée française commandée par le duc de Noailles. C'est lors de cette bataille que, pour la dernière fois, un souverain britannique (le roi George II) combat en personne à la tête de ses armées.
Au retour du roi, une journée d'action de grâces publique fut décidée et Haendel, à cette époque Composer of the Musick to the Chapel Royal reçut la commande d'un Te Deum et d'un anthem (The King Shall Rejoice) pour cette occasion. L'œuvre fut composée entre les 17 et 29 juillet 1743 et sa première exécution eut lieu le 27 novembre 1743 dans la chapelle royale du Palais St. James.
Le Te Deum de C. H. Graun, quant à lui était étroitement lié au « der Alte Fritz » (surnom donné à Frédéric II au XVIII° siècle), sa première ayant eu lieu à la cathédrale St Pierre (Hambourg) en mai 1757, en célébration de la victoire de Frédéric II à Prague contre les troupes autrichiennes, puis repris ensuite, à la demande du monarque, afin de célébrer d’autres victoires.
Haydn, pour sa part, a mis en musique à deux reprises le chant de louange ambroisien. Le Te Deum pour l’Impératrice Marie Thérèse était une commande de la Cour de Vienne et date de la maturité artistique de Haydn (1800). La riche distribution de l’orchestre donne à l’œuvre, de laquelle les solistes sont absents, une sonorité particulièrement somptueuse, que l’on retrouve également dans les Choeurs de la Création.
De ces trois œuvres, seul le Te Deum de Haendel a conservé aujourd’hui la vedette, parfois même en prenant la place des œuvres de ses collègues à la cour de Prusse et à la cour d’Autriche.
On sait que le Te deum de Dettingen a été donné en Prusse pour fêter l’anniversaire de la Reine Louise en 1808 et 1810, fait rare puisqu’à l’époque les musiciens ne jouent que de la musique contemporaine.
Nous retiendrons de l’histoire que les trois œuvres ont été à l’origine dédiées à des souverains qui ont, chacun à sa manière, marqué l’histoire de leur pays :
Le roi George II (ex-électeur de Hanovre) redonne à l’Angleterre son lustre magnifique après l’épisode dramatique de la décapitation de Charles Stuart, puis les errements de Cromwell... Il est le fondateur de la lignée qui nous mène tout droit à l’actuel roi Charles III.
Frédéric II, premier souverain Eclairé d’Europe, est le protecteur de Voltaire, et de nombreux penseurs Durables, les relations entre Frédéric II, roi de Prusse, et Voltaire n’en sont pas moins mouvementées. À partir de 1750, les deux hommes entretiennent une importante correspondance au long de laquelle se forge une amitié certaine. En 1750, Voltaire est reçu en invité de marque à Sans-souci. Hébergé et choyé par le souverain prussien, l’écrivain est chargé de revoir les poèmes de ce dernier. Mais son esprit libre et irrévérencieux lui fait oublier l’étiquette à observer auprès d’un roi. Les tensions et les brouilles se multiplient, jusqu’à ce que le philosophe publie un pamphlet contre le scientifique Maupertuis, protégé de Frédéric II. Le point de rupture est atteint : les exemplaires de La Diatribe du docteur Akakia sont saisis et brûlés sur la place publique.
Voltaire quitte alors la cour en 1753, emportant avec lui un manuscrit des Poèmes du philosophe de Sans-souci. Frédéric II le fait arrêter à Francfort. Voltaire parvient à quitter la ville seulement un mois plus tard. À la suite de ces déconvenues, il fuit la vie mondaine et cherche refuge non loin de la France. Il s’installe définitivement à Ferney (Suisse), d’où il continue à correspondre avec Frédéric II.
Frédéric II est très proche de son maitre de chapelle C. H. Graun, puisque celui-ci est l’auteur de 3 opéras écrits sur des livrets de la main du Roi (et corrigés par Voltaire). Voltaire, note dans une lettre à la sœur de Frédéric II que la musique de Graun est pleine de bons et excellents moments.
Marie-Thérèse de Bourbon-Sicile (1772-1807), fut entre autres, dans la famille des Habsbourg d’Autriche, la nièce de Marie-Antoinette. Elle devint à 18 ans la deuxième des quatre épouses de son double cousin François II d’Autriche, qui fut à la fois empereur du Saint Empire Romain germanique, et empereur d’Autriche autoproclamé (mais en 1804 seulement). Forte personnalité, elle revendiquait de fait et en actes, comme son illustre grand-mère, le titre d’impératrice utilisé dans la dédicace, alors qu’elle ne l’était qu’à titre consort. Le Te Deum a sans doute été une commande d’État de prestige à son initiative : hommage à Haydn, la plus grande gloire musicale d’Europe à cette date, et volonté d’offrir à l’Autriche une composition qui était devenue avec le temps un morceau rituel de cérémonie réservé au pouvoir monarchique. Par ailleurs, cette souveraine très cultivée était excellente musicienne, et a chanté (en privé) certains airs de Haydn. La tuberculose l’emporte en 1807, à 35 ans. En seize ans, Marie-Thérèse et François II eurent douze enfants, dont Marie-Louise, que Napoléon 1er épousa en 1810. La mort aura épargné à Marie-Thérèse, qui avait toujours abhorré l’ « ogre corse », la honte de ce sacrifice au nom de la raison d’État.
Bref, l’histoire de la musique et l’histoire se croisent indéniablement.
Ce qui est particulièrement étonnant, c’est cet échange de culture (Angleterre, France, Prusse, Autriche...) qui est à l’origine de la belle notion d’Europe Culturelle.

Infos pratiques

Horaires

Dimanche 10 novembre 2024.

Adresse

Froges
Eglise Sainte-Thérèse
909, boulevard Paul Langevin
D523
38190 Froges

Tarifs

Plein tarif : de 20 à 25 € (20€ en prévente et 25€ à la billetterie, le soir du concert), Tarif réduit : 12 € (Etudiants, jeunes, chômeurs, personnes en situation de handicap), Enfant : Moins de 12 ans.

Réservation

Information mise à jour le 26/09/2024 par Communauté de Communes Le Grésivaudan